
La Lune a pris une place sans précédent sur la liste du Fonds mondial pour les monuments (WMF) des 25 sites du patrimoine les plus menacés, soulignant les risques croissants posés par l’exploration et la commercialisation croissantes de la Lune.
Traditionnellement, la liste de surveillance du WMF se concentre sur les sites culturels vulnérables sur Terre, tels qu’Antakya en Turquie, ravagée par le tremblement de terre, ou le système routier andin préhispanique, Qhapaq Ñan.
C’est la première fois qu’un emplacement extraterrestre est inclus, ce qui souligne le besoin urgent de protéger le patrimoine spatial partagé de l’humanité.
Bénédicte de Montlaur, présidente-directrice générale du WMF, a cité « les risques croissants dans un contexte d’activités lunaires accélérées » comme raison de l’inclusion de la Lune.
Les projets commerciaux et les missions gouvernementales planifiées, dont beaucoup manquent actuellement de protocoles de préservation, constituent une menace importante pour les artefacts lunaires historiques.
Parmi celles-ci figurent les empreintes emblématiques de Neil Armstrong et Buzz Aldrin, laissées lors de la mission Apollo 11 en 1969, ainsi que d’autres reliques comme un disque commémoratif et la caméra utilisée pour retransmettre l’alunissage sur Terre.
« La sauvegarde du patrimoine lunaire empêchera les dommages causés par l’accélération des activités privées et gouvernementales dans l’espace, garantissant ainsi la pérennité de ces artefacts pour les générations futures », a déclaré Mme de Montlaur après l’annonce de la liste. Elle a souligné la nécessité d’accords internationaux pour protéger ces monuments culturels face à une nouvelle course à l’espace.
L’urgence est alimentée par l’activité croissante sur la Lune. SpaceX a récemment lancé deux atterrisseurs lunaires pour préparer de futures missions, tandis que la mission Artemis III de la NASA, prévue pour 2027, vise à ramener des humains sur la Lune pour la première fois depuis les années 1970.
Des projets privés de tourisme lunaire devraient suivre, suscitant des inquiétudes quant au pillage ou à la destruction accidentelle de sites historiques. À ce jour, seuls cinq pays – les États-Unis, la Chine, l’Inde, le Japon et l’ex-Union soviétique – ont réussi à poser des engins spatiaux sur la Lune.
La majorité de la liste 2024 du WMF est constituée de sites terrestres menacés en raison de conflits, du changement climatique ou d’un tourisme non durable. Ils comprennent :
- Le tissu urbain historique de Gaza, dévasté par le conflit en cours, est souligné comme nécessitant une attention urgente ;
- La côte swahili de l’Afrique, y compris des sites emblématiques comme la vieille ville de Lamu au Kenya et l’île du Mozambique, est confrontée aux menaces de l’élévation du niveau de la mer et de l’érosion côtière ;
- On craint que la surpopulation ne mette en péril les sites de grottes bouddhistes de Chine, comme Maijishan et Yungang ;
- Le WMF affirme que les monastères orthodoxes de la vallée du Drino en Albanie pourraient bénéficier de pratiques touristiques plus durables.
Le panel du WMF affirme que sa liste de surveillance est un appel à l’action, destiné à exhorter les nations à adopter des stratégies de collaboration pour préserver les sites qui résument l’histoire humaine.
Des reliques culturelles de la Lune aux monuments menacés sur Terre, l’organisation souligne la nécessité de mesures proactives pour sauvegarder l’héritage de l’humanité.
« L’inclusion de la Lune souligne la nécessité universelle de protéger le patrimoine qui reflète et sauvegarde notre récit collectif, que ce soit sur Terre ou au-delà », a conclu Mme de Montlaur.
Les défenseurs de l’environnement affirment qu’avec l’expansion de l’exploration spatiale dans les décennies à venir, l’ajout de la Lune à la liste vient à point nommé rappeler que le passé de l’humanité, même au-delà de la Terre, mérite d’être protégé.