Effet domino Polexit: les rivaux de Macron sautent sur les promesses du Frexit avant des élections cruciales

Le Tribunal constitutionnel polonais a jugé jeudi que certaines parties du droit de l’UE étaient incompatibles avec la constitution. La décision a été considérée comme sapant le pilier juridique sur lequel l’UE à 27 pays se tient aux côtés des manifestants anti-Polexit qui sont descendus dans les rues de Pologne dimanche.

Selon les organisateurs, des manifestations ont eu lieu dans plus de 100 villes de Pologne et dans plusieurs villes à l’étranger, avec 80 000 à 100 000 personnes rassemblées dans la seule capitale Varsovie, agitant des drapeaux polonais et européens et criant « Nous restons ».

La question a suscité un vif débat sur la souveraineté juridique en France, les rivaux d’Emmanuel Macron – proclamés ou non – félicitant la Pologne et appelant à une approche similaire en France.

La chef de file du Rassemblement national, Marine Le Pen, pressenti pour affronter M. Macron au dernier tour des élections de 2022, a déclaré : « En affirmant la primauté de son droit constitutionnel sur la législation européenne, la Pologne exerce son droit légitime et inaliénable à la souveraineté.

« Par un acte des juges qui ne diffère en rien de la procédure du Tribunal de Karlsruhe [German constitutional court], bien admise dans le cas de l’Allemagne, la Pologne est venue rappeler à une Union européenne tentée par l’instauration d’une dictature jacobine que chaque peuple a le droit de définir ses lois. »

Le polémiste d’extrême droite Eric Zemmour, qui ne s’est pas encore déclaré candidat à la présidentielle, a également craqué vendredi matin un communiqué intitulé « Il est temps de redonner au droit français sa primauté sur le droit européen ».

« La Commission européenne mène une violente attaque juridique contre les peuples qui rejettent sa ligne idéologique. Il est urgent que la France rejoigne ces nations dans leur combat pour la liberté », a-t-il écrit.

« Ce que vous proposez, au final, c’est le Frexit », « un retour en arrière de 60 ans pour lequel on paierait le prix fort », a répondu sur Twitter l’eurodéputée Agir Fabienne Keller.

De son côté, le gouvernement français, par la voix de son secrétaire d’État français aux Affaires européennes, Clément Beaune, a dénoncé une « attaque contre l’UE » qu’il a qualifiée d' »extrêmement grave » de la part de la Pologne.

« Un chantage honteux au plan de relance qui révèle la nature de ces petits agents de l’UE : des ennemis de la démocratie qui servent leur truc supranational contre les peuples.

L’ancien ministre du Redressement productif et candidat à la présidentielle, le socialiste Arnaud Montebourg, s’est également félicité de la décision de la cour constitutionnelle polonaise. « Le retour de la souveraineté de la France passera par la supériorité du droit français sur les décisions européennes », a-t-il écrit sur Twitter.

Il a ajouté : « L’affirmation par la Pologne de la souveraineté nationale par le droit est un événement important.

« La France, qui ne partage pas les mêmes orientations politiques que la Pologne, devra néanmoins faire la même affirmation de la supériorité de ses lois sur les décisions européennes. »