Des militants francophones ont appelé l’UE à confirmer le français comme langue officielle du bloc, après que le Premier ministre canadien Justin Trudeau s’est engagé à faire de même au Québec. M. Trudeau modifiera bientôt la Loi sur les langues officielles, qui proclame l’anglais et le français langues officielles de l’État fédéral canadien depuis 1969, a révélé une source gouvernementale anonyme à La Presse. La nouvelle a été bien accueillie par les militants de Génération Frexit, qui pensent que l’adhésion de la France à l’UE met en péril l’utilisation de la langue française en France et dans l’ensemble du bloc.
Ils écrivent : « La langue française sera bientôt la seule langue officiellement reconnue au Québec.
« Nous nous en félicitons, surtout à un moment où l’UE pousse l’Europe vers la généralisation d’un globish ridicule et contre nature.
« Vive la Francophonie ! Reprenons le contrôle. »
L’idée que l’UE devrait adopter le français comme langue officielle n’appartient pas seulement à ceux qui pensent que la France devrait quitter complètement l’UE.
Le président français Emmanuel Macron et son plus proche allié Clément Beaune exhortent également Bruxelles à abandonner l’anglais avant la présidence française du Conseil.
Le débat dure depuis des années.
En 2016, Jean Quatremer, un journaliste politique français de renom du quotidien Libération, s’était plaint des communiqués de presse officiels accompagnant les recommandations économiques de la Commission aux États membres.
Les déclarations, très attendues par la presse en raison de la crise de la dette de l’euro, n’étaient initialement mises à la disposition des journalistes qu’en anglais, avec des traductions dans d’autres langues quelques heures plus tard dans la journée.
Ceci, selon M. Quatremer, confère à la presse anglo-saxonne un « avantage concurrentiel incroyable », remettant en cause la légitimité démocratique des institutions.
Il a écrit dans un article de blog fort : « Pouvez-vous gouverner une zone euro, qui compte 330 millions de citoyens, dans une langue qui n’est parlée que par moins de cinq millions d’Irlandais ? … Eh bien, c’est ce que la Commission européenne prétend faire. «
L’ancien porte-parole de la Commission Olivier Bailly a déclaré qu’il comprenait la frustration mais a exhorté M. Quatremer à « l’accepter » puisque l’anglais était devenu la langue la plus parlée dans l’exécutif de l’UE.
Les documents, a fait valoir M. Bailly, ont été traduits en quelques heures dans les autres langues de travail de l’UE (français et allemand) et en deux jours pour les 20 langues officielles restantes.
M. Quatremer n’était pas isolé dans sa quête d’un meilleur équilibre linguistique au sein des institutions européennes.
Miguel Angel Martinez Martinez, l’ancien vice-président du Parlement chargé du multilinguisme, a déclaré à l’époque : « C’est l’un de nos combats – que les communiqués de presse et toutes les publications et communications avec la société (appels d’offres, contrats, etc.) soient traduits . »
Feu Jean-Pierre de Launoit, président de l’Alliance française, association publique de promotion de la langue et de la culture françaises dans le monde, a déclaré qu’il cherchait depuis longtemps à promouvoir la diversité linguistique au sein des institutions européennes.
Il a déclaré lors de l’inauguration des nouveaux bureaux de l’Alliance Française à Bruxelles : « Nous sommes intervenus à plusieurs reprises auprès de la Commission européenne pour essayer d’obtenir une meilleure répartition des langues. Mais ce n’est pas facile. »
Lorsqu’on lui a demandé si son organisation serait prête à aider les services de traduction de la Commission, M. Launoit a répondu qu’il n’était pas opposé à l’idée.
Il a déclaré à EURACTIV : « C’est une excellente suggestion et je pense que nous pourrons éventuellement en parler » lors de futures réunions de l’Alliance Française.
Peu soucieux de la fierté linguistique gauloise de Quatremer, les journalistes britanniques se moquent de la situation.
Un correspondant de The Economist aurait déclaré sur Twitter. « La véritable insulte à la France n’est pas de leur dire de faire des réformes, mais de publier des recommandations en anglais. »