Vladimir Poutine pourrait être confronté à un « mécontentement social » généralisé à propos de son nouveau « programme d’austérité ».
Poutine devrait exiger que huit « républiques russes non ethniques » freinent leurs dépenses si elles veulent continuer à recevoir de l’argent de Moscou alors qu’il fait face à une pression financière croissante pour poursuivre sa guerre en Ukraine.
L’Institut pour l’étude de la guerre (ISW) a suggéré que la décision de cibler huit territoires contrôlés par Moscou pourrait être une tentative de rejeter la responsabilité sur les administrateurs locaux des coupes budgétaires que Poutine devrait opérer dans les mois à venir.
Le fidèle de Poutine, Ramzan Kadyrov, aurait désormais jusqu’au 18 décembre pour accepter de réduire l’écart entre les revenus et les dépenses, aux côtés de ses homologues du Daghestan, d’Ingouchie et de Touva.
Quatre territoires ukrainiens annexés unilatéralement – Louhansk, Donetsk, Japhorizhzhia et Kherson – devront également réduire leurs dépenses même si la Russie ne les contrôle pas totalement.
Commentant les informations faisant état des nouvelles mesures, l’ISW a déclaré que « ces obligations semblent équivaloir à un plan d’austérité » et ne pourraient être que le début d' »un ensemble plus large de mesures visant à réduire les déficits budgétaires tout en maintenant les dépenses de défense ».
Ils ont fait valoir que confier aux administrateurs locaux la responsabilité de mettre en œuvre les coupes budgétaires pourrait être un stratagème pour « empêcher le Kremlin de supporter le mécontentement attendu à l’égard de l’austérité ».
Poutine tente peut-être également de contenir le mécontentement de ses électeurs en ciblant ces huit domaines spécifiques à la lumière des élections de l’année prochaine.
L’ISW a fait valoir que cette décision pourrait faire partie d’une stratégie « visant à contenir le mécontentement social dans les zones russes non ethniques et dans les zones de préoccupation existantes à l’approche des élections présidentielles russes de 2024 ».
Les analystes suggèrent depuis longtemps que Poutine espérait une victoire rapide en Ukraine et ne s’attendait pas à ce que son invasion déclenche une réponse aussi écrasante qu’elle a provoqué en Occident.
Alors que l’Ukraine continue de recevoir le soutien militaire de ses alliés, permettant à ses forces de défense de poursuivre sa contre-offensive, la Russie a subi de lourdes pertes.
Poutine a signé lundi un nouveau budget sur trois ans augmentant les dépenses de défense, mais l’impact économique des sanctions, associé à la faiblesse du rouble et à la perspective de ne pas atteindre ses objectifs de revenus, l’obligera probablement à réduire les financements ailleurs.
Le budget prévoit des dépenses en 2024 de 36 600 milliards de roubles (415 milliards de dollars) avec un déficit attendu de 1 595 milliards de roubles (9,5 milliards de dollars).
Un taux de chômage record, des salaires plus élevés et des dépenses sociales ciblées devraient aider le Kremlin à surmonter l’impact intérieur de la réorientation de l’économie vers l’armée, mais pourraient poser un problème à long terme, estiment les analystes.
Une partie du budget russe est secrète alors que le Kremlin tente de dissimuler ses projets militaires et d’éviter tout examen minutieux de ses opérations en Ukraine.
Mais les journalistes économiques indépendants Farida Rustamova et Maksim Tovkaylo ont déclaré ce mois-ci qu’environ 39 % de toutes les dépenses fédérales seraient consacrées à la défense et au maintien de l’ordre en 2024.