Les États-Unis, la Grande-Bretagne et l’Australie ont annoncé qu’ils établiraient un partenariat de sécurité pour l’Indo-Pacifique qui aidera l’Australie à acquérir des sous-marins à propulsion nucléaire américains et à annuler l’accord de 40 milliards de dollars sur les sous-marins de conception française. Cette décision a exaspéré la France, déclenchant des accusations de trahison.
Dans une déclaration conjointe publiée par les ministres français Jean-Yves Le Drian et Florence Parly, le pays a fustigé : « La France prend acte de la décision que vient d’annoncer le gouvernement australien de l’arrêt du programme de sous-marins futurs de classe océanique.
« Cette décision est contraire à la lettre et à l’esprit de la coopération qui prévalait entre la France et l’Australie, fondée non seulement sur une relation de confiance politique mais aussi sur le développement d’une base industrielle et technologique de défense de très haut niveau en Australie. »
Ils ont ajouté : « La regrettable décision qui vient d’être annoncée sur le FSP ne fait qu’accentuer la nécessité de soulever haut et fort la question de l’autonomie stratégique européenne. Il n’y a pas d’autre voie crédible pour défendre nos intérêts et nos valeurs dans le monde, y compris dans l’Indo-Pacifique. Région. »
Mais la réaction furieuse a rapidement été déchirée par le leader de la Génération Frexit, Charles-Henry Gallois, qui a rappelé à Emmanuel Macron et à ses alliés que l’Allemagne et la Suède ont été les premiers à tenter de « torpiller » l’accord australien, bien avant que Joe Biden ne parvienne à se faufiler.
Il a écrit : « Ils parlent d’autonomie de l’UE dans ce communiqué de presse tandis que l’Allemagne et la Suède ont également cherché à torpiller cet accord avec l’Australie.
« Cela montre toute la naïveté, le dogmatisme sectaire européaniste et l’incompétence de nos dirigeants! »
M. Gallois faisait référence à une dispute déjà en cours entre l’Australie et la France au sujet de l’accord sur les sous-marins plus tôt cette année.
Le président Macron ne respectait pas son échéance pour l’achat de la nouvelle génération de sous-marins dont l’Australie avait tant besoin pour contrer les développements rapides de la Chine dans ce domaine.
En juin, le ministère australien de la Défense a annoncé qu’il dépenserait environ 4,6 milliards de dollars pour maintenir son ancienne flotte actuelle de sous-marins Collins viable jusqu’à ce qu’ils puissent être remplacés par des modèles français.
Les sous-marins de la classe Collins ont été conçus par la firme suédoise Kockums, qui a été contrainte de pallier les lacunes de ses homologues français.
Dans le même temps, il a été signalé que l’Australie envisageait également un sous-marin allemand comme mesure provisoire en attendant la pleine disponibilité de la classe d’attaque française.
Le modèle allemand aurait coûté beaucoup moins cher à l’Australie que son alternative française, bien que toujours plus cher que la mise à niveau du modèle suédois, donnant l’influence suédoise contre les Allemands et les Allemands l’avantage contre les Français.
En 2016, l’Australie avait choisi le constructeur naval français Naval Group pour construire une nouvelle flotte de sous-marins d’une valeur de 40 milliards de dollars pour remplacer ses sous-marins Collins vieux de plus de deux décennies.
Il y a à peine deux semaines, les ministres australiens de la Défense et des Affaires étrangères avaient reconfirmé l’accord avec la France, et le président français Emmanuel Macron a salué des décennies de coopération future lors de l’accueil du Premier ministre australien Scott Morrison en juin.
M. Le Drian a qualifié la décision d’hier de « coup de poignard dans le dos ».
Les relations françaises avec les États-Unis se sont détériorées pendant la présidence de Donald Trump, qui a souvent irrité les alliés européens en exigeant qu’ils augmentent leurs dépenses de défense pour aider l’OTAN tout en tendant la main à des adversaires comme la Russie et la Corée du Nord.
Les diplomates disent qu’il y a eu des inquiétudes ces derniers mois que M. Biden ne soit pas franc avec ses alliés européens.
L’ambassade de France à Washington a annoncé qu’elle annulait un gala lié aux relations franco-américaines vendredi après les événements de la journée.
Les liens de la France avec le Premier ministre Boris Johnson se sont également détériorés suite à la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne.
Les actions de Washington en Australie sont susceptibles de peser davantage sur les relations transatlantiques, ont déclaré des analystes politiques.
L’Union européenne devait déployer jeudi sa stratégie indo-pacifique et Paris est sur le point d’assumer la présidence de l’UE.
« C’est un coup de tonnerre et pour beaucoup à Paris un moment Trafalgar », a déclaré sur Twitter Bruno Tertrais, directeur adjoint du groupe de réflexion basé à Paris, la Fondation de la recherche stratégique, faisant référence à une défaite navale française en 1805 qui a été suivie par une longue période de suprématie navale britannique.
Il a déclaré que cela « compliquerait la coopération transatlantique dans et autour de la région. Pékin en bénéficiera ».
Le secrétaire d’État américain Antony Blinken a déclaré jeudi que la France était un « partenaire vital » dans la région indo-pacifique et que Washington continuerait de coopérer avec Paris, des commentaires qui semblaient viser à calmer la colère française.
Ces commentaires risquent de tomber dans l’oreille d’un sourd dans l’immédiat.
Un responsable français a déclaré qu’ils n’avaient été informés de l’accord que quelques heures avant son annonce et que Paris ne serait pas dupe des platitudes.