L’ancien négociateur bruxellois du Brexit, qui se bat pour être candidat à l’élection présidentielle française de l’année prochaine, a averti que son pays perdait de son prestige et de son influence au niveau international. Il craignait également qu’un autre État membre ne suive le Royaume-Uni hors de l’UE à moins que Bruxelles ne durcisse les frontières extérieures du bloc.
M. Barnier a évoqué la dégradation du statut de son pays dans une interview accordée au journal italien La Repubblica.
« Je pense que l’influence française diminue depuis 10 ans.
« Nous devons donc reconstruire cette influence en Europe et dans le cadre international.
« C’est de notre faute. Nous avons été diminués. Nous ne nous sommes pas assez souciés de l’UE et du Parlement européen, de notre capacité à influencer ces institutions.
« Vous savez, quand nous sommes faibles et que nous faisons des erreurs, à mon avis, ce n’est pas la faute des autres.
« Je ne veux pas blâmer les autres d’être forts. L’influence allemande est plus forte que la nôtre en Europe.
Dans un coup apparent au président Macron, l’ancien diplomate bruxellois a ajouté : « La France n’est pas grande quand elle est arrogante. Elle n’est pas forte quand elle est seule.
M. Barnier craignait qu’un autre pays – peut-être la France – ne quitte l’UE dans ce qu’il a décrit comme « un autre Brexit » déclenché par le nombre de migrants du reste du monde entrant dans le bloc.
« En France, nous n’avons pas de mot dans notre constitution sur l’immigration.
« Nous devons avoir une certaine garantie dans la constitution, si nous voulons gérer cela avec humanité et rigueur. »
M. Barnier a affirmé que son rôle dans la négociation de l’accord commercial UE-Royaume-Uni sur le Brexit lui avait permis de mieux comprendre les dangers politiques posés par l’immigration, qui ne sont pas partagés par beaucoup dans l’élite bruxelloise.
« J’ai négocié l’accord sur le Brexit, et c’est ce qui me rend différent du reste de ces gars à Bruxelles. Je ne veux pas d’un autre Brexit.
« Ce qui est dur et sérieux, c’est un problème de migration qui n’est pas contrôlé », a-t-il déclaré.
M. Barnier craignait que la confiance entre le Royaume-Uni et la France ne soit « fragile » à la suite de la querelle diplomatique au sujet de la nouvelle alliance de défense sous-marine AUKUS entre le Royaume-Uni, les États-Unis et l’Australie.
Il a affirmé que l’UE ne devrait pas conclure un nouvel accord commercial avec les États-Unis à la suite de la querelle.
« Il y aura des conséquences avec l’Australie. Je ne vois pas comment nous pouvons conclure un accord commercial UE avec l’Australie dans la situation actuelle; il n’y a pas de confiance.