Les principaux dirigeants de l’UE ont pour la plupart fait front uni en matière de politique européenne. L’une des rares exceptions était en 2015, lorsque M. Macron était ministre français de l’Économie dans le gouvernement de M. Hollande. Alors qu’il tentait d’aider la Grèce à éviter des mesures d’austérité paralysantes, Mme Merkel a décidé de le geler des négociations, a-t-on affirmé.
La confrontation, qui est survenue au plus fort de la crise de la dette grecque de 2015, a été notée dans « Adults in the Room », les mémoires de Yanis Varoufakis, l’ancien ministre grec des Finances qui a tenté d’obtenir un allégement de la dette d’Athènes.
M. Macron, un ardent pro-européen, a noué des liens étroits avec M. Varoufakis, car il pensait que l’austérité paralysante infligée à la Grèce en échange de renflouements pourrait conduire à la destruction ultime de la zone euro.
Le 28 juin 2015, alors que la banque grecque était sur le point de fermer, M. Varoufakis a écrit qu’il avait reçu un texte de M. Macron proposant de négocier un accord de dernière minute pour obtenir un allégement de la dette de la Grèce en échange de réformes structurelles.
Proposant de négocier une rencontre entre le Premier ministre grec Alexis Tsipras et l’ancien président français François Hollande, M. Macron a écrit : « Je ne veux pas que ma génération soit responsable de la sortie de la Grèce de l’Europe ».
La tentative a cependant été bloquée par le ministre allemand des Finances de l’époque, Wolfgang Schauble, qui souhaitait que la Grèce prenne un « congé » de l’adhésion à l’euro.
Trois mois plus tard, après la démission de M. Varoufakis pour protester contre la capitulation du gouvernement grec devant sa troïka de créanciers, M. Macron a expliqué que le dirigeant allemand l’avait poussé de côté après avoir qualifié l’accord sur la dette grecque de « version moderne du Versailles Traité ».
M. Varoufakis a écrit : « Merkel l’avait entendu et, selon Emmanuel, a ordonné à Hollande de garder Macron en dehors des négociations grecques.
« Le sort de Merkel était tout aussi puissant que je l’avais imaginé. »
Un responsable français a déclaré au Financial Times : « Tout ce qui concerne les subventions, c’est plutôt bien.
« Je ne suis pas sûr que nous nous attendions vraiment à ça. »
Un conseiller principal de la CDU de Mme Merkel a tenté d’expliquer le revirement en déclarant: « La grande préoccupation est que la crise économique détruise le marché unique européen et menace même l’avenir de l’UE. »
Elle a ajouté que la chancelière avait besoin d’un « grand geste » pour prouver qu’elle n’avait pas abandonné les pays du sud de l’Europe durement touchés par le virus.