Macron a averti qu'il "jouait avec la constitution" avec le plan de laissez-passer de Covid - le meilleur avocat dénonce

A partir du 9 août, la France imposera l’utilisation des pass sanitaires Covid dans les bars restaurants et les trains. Au milieu de l’indignation des lois de M. Macron obligeant la vaccination de certains travailleurs, un avocat de premier plan a averti que les nouvelles règles du président « ne peuvent pas jouer avec la Constitution ».

Le projet de loi controversé a été adopté dimanche 25 juillet par l’Assemblée nationale, mais il doit encore recevoir le feu vert du Conseil constitutionnel d’ici le 5 août.

Cependant, le texte contient des mesures qui risquent d’être remises en cause, selon le constitutionnaliste Dominique Rousseau.

Il a suggéré que la passe pourrait être arrêtée « car dans le texte on retrouve ce qu’on appelle, en droit, dans la jurisprudence constitutionnelle, une incompétence négative ».

L’avocat a ajouté : « Le législateur, selon l’article 34, doit fixer les règles concernant les activités qui peuvent porter atteinte aux libertés.

« Or, dans ce cas, le législateur a délégué ce pouvoir au Premier ministre puisqu’il lui appartiendra de fixer le seuil à partir duquel on peut obliger à présenter un pass sanitaire pour entrer dans un centre commercial.

« C’est la première inconstitutionnalité, mais en plus, il y a une éventuelle délégation aux préfets qui seront chargés de décider eux-mêmes des restrictions d’accès à tel ou tel centre commercial. »

S’adressant à France Inter, M. Rousseau a déclaré que le pass Covid « est un abandon du législateur de chaque juridiction au profit des autorités administratives ».

Il a ajouté au point de vente: « Cet abandon de pouvoirs, d’ailleurs, n’est pas encadré puisque les termes sont vagues.

« La loi est imprécise puisqu’elle parle de ‘caractéristiques’ différentes des centres commerciaux et de ‘gravité des risques de contamination’. Comment les préfets évalueront-ils ces caractéristiques et ce risque ?

« Le législateur aurait dû être beaucoup plus précis pour encadrer le pouvoir des préfets et le pouvoir du Premier ministre.

« Il y a ici une indétermination de la loi et donc un fort risque d’inconstitutionnalité. »

M. Rousseau a également déclaré que le licenciement proposé des travailleurs français qui ne sont pas vaccinés est une « sanction disproportionnée » et a fait valoir qu’il s’agissait d’une « violation du droit du travail » des salariés.

Il a souligné qu’il existe à nouveau « un fort risque d’inconstitutionnalité sur cette disposition », puis s’est demandé si « le gouvernement est conscient de ce risque d’inconstitutionnalité ».

Il a ensuite déclaré à France Inter : « Je pense que le Premier ministre lui-même a saisi le Conseil constitutionnel afin d’éliminer toute critique. Cela a déjà été fait.

« Plusieurs Premiers ministres ont déjà saisi le Conseil constitutionnel pour vérifier leur constitutionnalité. Le gouvernement est-il confiant ? A-t-il reçu des assurances ?

« Dans ce cas, le gouvernement a pris un risque d’inconstitutionnalité. Cependant, respecter la Constitution n’est pas un risque que prend le gouvernement, c’est un devoir.

« Le gouvernement, lors de l’élaboration de la loi, aurait dû être beaucoup plus attentif aux exigences constitutionnelles relatives aux garanties des libertés. Elle avait déjà été, d’une certaine manière, rappelée à l’ordre par le Conseil d’Etat, le Sénat et la commission paritaire.

« Le gouvernement a voulu maintenir cette disposition qui comporte un risque d’inconstitutionnalité, mais nous ne pouvons pas jouer avec la Constitution. »

Lundi, après que le Parlement français a approuvé le projet de loi sur le laissez-passer sanitaire, M. Macron a déclaré que des mesures étaient nécessaires pour protéger les populations vulnérables et les hôpitaux alors que les infections rebondissaient et pour éviter de nouveaux blocages.

Environ 160 000 personnes ont manifesté samedi dans toute la France contre un pass Covid pour les restaurants et les vaccinations obligatoires pour les agents de santé.

En réponse, M. Macron a déclaré dans un hôpital de Polynésie française : « Que vaut votre liberté si vous me dites ‘Je ne veux pas me faire vacciner’, mais demain vous infectez votre père, votre mère ou moi-même ?

Il a accepté que les manifestants soient « libres de s’exprimer de manière calme et respectueuse », mais a averti que les manifestations ne feront pas disparaître Covid.