Dans une lettre de sept pages à la Commission européenne, Varsovie a exposé de nombreuses décisions de tribunaux continentaux qui soutiennent que le droit de l’UE n’a pas toujours la primauté. Le ministre polonais des Affaires européennes Konrad Szymanski a même cité la Cour constitutionnelle fédérale allemande à Karlsruhe, qui a récemment remis en cause un arrêt de la Cour de justice européenne sur le programme d’achat d’obligations de la Banque centrale européenne. La lettre intervient après que la CJE a statué que la chambre disciplinaire polonaise de ses juges était en violation du droit de l’UE.
Varsovie est depuis revenu sur ses plans, sa Cour suprême ayant interrompu les travaux de la chambre dans une descente pour éviter les sanctions de la Commission européenne.
Mais la Pologne a maintenant fait valoir que la CJUE devrait abandonner ses mesures provisoires que le propre tribunal du pays a jugées inconstitutionnelles.
« Le gouvernement polonais a décidé d’utiliser la procédure légale… et de déposer une demande auprès de la CJUE pour révoquer sa décision introduisant des mesures provisoires compte tenu des circonstances nouvelles et substantielles de l’arrêt du Tribunal constitutionnel polonais rendu le même jour », a-t-il ajouté. lit-on, selon le site d’information Politico.
« Je pense que l’examen de cette demande créera une opportunité de trouver un juste équilibre dans la jurisprudence de la CJCE entre la primauté des constitutions nationales… et la primauté du droit de l’UE dans le domaine de sa compétence exclusive.
M. Szymanski soutient apparemment que la CJCE ne devrait avoir des pouvoirs que dans les domaines où l’UE a une compétence exclusive.
Cela permettrait aux tribunaux et aux pays de l’UE de s’écarter du droit de l’UE dans tout, à l’exception du commerce, de la concurrence et de la pêche.
Les contestations contre la primauté du droit de l’UE sont devenues plus fréquentes ces derniers mois.
La Pologne a accusé les tribunaux de l’UE d’aller au-delà de ce qui est autorisé par les traités de l’UE.
Jaroslaw Kaczynski, chef du parti au pouvoir Droit et justice et leader de facto de la Pologne, s’est engagé à « accélérer » les réformes judiciaires actuellement contestées par Bruxelles.
« Nous allons abolir la Chambre disciplinaire telle qu’elle est actuellement et donc l’objet du litige disparaîtra », a-t-il ajouté.
Mais le leader politique a insisté sur le fait que le gouvernement n’agissait pas à cause de la décision de la CJCE mais parce que la chambre « ne remplit pas ses obligations ».
Il a ajouté: « Ce sera également un test pour savoir si l’UE a au moins l’apparence de faire preuve de bonne volonté. »
Le commissaire à la justice Didier Reynders a averti que de nouvelles contestations de la primauté du droit de l’UE pourraient entraîner l’effondrement du bloc.
La Commission poursuit actuellement l’Allemagne après que la plus haute cour constitutionnelle du pays a jugé que le programme d’achat d’obligations de la BCE enfreignait le droit de l’UE.
Dans une lettre à Bruxelles, Berlin a fait valoir que son tribunal avait confirmé la primauté du droit de l’UE et a déclaré qu’il souhaitait que des travaux soient effectués pour « dissiper les malentendus ».