L’une des deux plaintes contre Dominic Raab retenues par l’enquête sur le comportement de l’ex-vice-Premier ministre portait sur des discussions d’un ambassadeur britannique pour autoriser des responsables espagnols à opérer à Gibraltar.
Adam Tolley QC a constaté que M. Raab, qui a démissionné dans une lettre percutante au Premier ministre Rishi Sunak lors d’une journée dramatique à Westminster, a agi de manière « déraisonnablement et constamment agressive » envers Hugh Elliott, l’ambassadeur britannique en Espagne.
Le Telegraph rapporte que l’intimidation aurait fait suite à des propositions secrètes visant à mettre des bottes espagnoles sur le terrain à Gibraltar lors des pourparlers sur le Brexit en 2020.
Il indique que des alliés de M. Raab ont affirmé que M. Elliott était allé au-delà de la position convenue par le Cabinet de ne jamais avoir d’officiers espagnols stationnés en permanence sur le territoire britannique d’outre-mer.
L’incident s’est produit vers la fin de 2020 lorsque Raab était ministre des Affaires étrangères et que les relations de la Grande-Bretagne avec l’UE étaient en jeu.
Alors que la Grande-Bretagne et l’Espagne négociaient des mesures pour garder la frontière très fréquentée entre l’Espagne et Gibraltar aussi ouverte que possible, les partisans de M. Raab affirment que le mot lui est parvenu que l’Espagne se plaignait du « déplacement des poteaux de but » alors même que le Royaume-Uni doublait sa position.
Le Telegraph dit que M. Elliott avait sondé une solution « truquée » avec ses homologues espagnols qui aurait vu des officiers espagnols stationnés à Gibraltar.
M. Raab lui a dit de retourner à Londres en novembre 2020 pour une réunion. Les détails de ce qui y a été dit restent flous.
Les alliés de M. Raab affirment que le responsable est allé au-delà de l’approche officielle dictée par les ministres du gouvernement et, aux yeux de M. Raab, une ligne rouge a été franchie.
M. Elliott a effectivement été retiré de la ligne de front des pourparlers, mais est resté ambassadeur. Au lieu de cela, Simon Manley, l’ambassadeur en Espagne avant M. Elliott, a été envoyé pour mener des négociations.
M. Tolley a adressé une plainte concernant l’incident dans son rapport.
Ses conclusions se lisent comme suit : « Dans le cadre du processus d’élaboration et de mise en œuvre de ce choix de gestion, il [Mr Raab] a agi d’une manière intimidante, c’est-à-dire d’une agressivité déraisonnable et persistante dans le contexte d’une réunion sur le lieu de travail.
« Son comportement a également impliqué un abus ou un détournement de pouvoir d’une manière qui mine ou humilie. En particulier, il est allé au-delà de ce qui était raisonnablement nécessaire pour donner effet à sa décision et a introduit un élément punitif.
« Sa conduite devait forcément être ressentie comme minante ou humiliante par la personne concernée, et elle a été ainsi vécue. J’en déduis que le vice-premier ministre devait être conscient de cet effet ; à tout le moins, il aurait dû raisonnablement être si conscient. »
M. Tolley a également constaté que, dans un incident distinct mais lié, M. Raab avait suggéré que le comportement des personnes impliquées était « en violation du Code de la fonction publique (et aurait donc violé leurs contrats de travail) ».
Il a déclaré que M. Raab « n’a visé aucun individu, ni n’a eu l’intention de menacer qui que ce soit de mesures disciplinaires. Cependant, il aurait dû se rendre compte qu’une telle référence au Code de la fonction publique « aurait pu être comprise comme une telle menace ».
Le récit de première main de M. Elliott n’est pas dans le domaine public. Il a été approché pour commentaires via le ministère des Affaires étrangères, mais aucun n’a été publié et le ministère des Affaires étrangères a refusé de commenter.
Les négociations se sont terminées par un accord selon lequel aucune police espagnole ne devrait être stationnée en permanence sur le terrain à Gibraltar.
L’accord a été conclu le soir du Nouvel An 2020.
Dans son article pour The Telegraph, M. Raab n’a nommé aucune personne impliquée mais a fait référence à l’incident.
Il a écrit: « Personne à l’époque n’a soulevé ma conduite lors de la réunion, et aucune plainte n’a été déposée jusqu’à deux ans et demi plus tard. »
La plainte du ministère des Affaires étrangères était l’une des deux que M. Tolley a confirmées dans son rapport de 48 pages, publié après que M. Raab eut annoncé sa démission.