Le groupe français de l’industrie du champagne reprendra mercredi ses exportations vers la Russie malgré une loi russe obligeant les producteurs de champagne étrangers à ajouter une référence au « vin mousseux » au dos de leurs bouteilles, ont rapporté samedi les médias locaux. Le Comité interprofessionnel des vins de Champagne (CIVC) avait demandé à ses producteurs de boycotter la Russie suite à l’introduction de la loi en juillet dernier. Le nom « Champagne » a un statut protégé dans plus de 120 pays, qui réservent son utilisation aux vins effervescents de la région de Champagne en France.
Confirmant un rapport du magazine spécialisé Terre de Vins, l’Agence France Presse a déclaré que la direction du comité avait décidé d’annuler le boycott, estimant avoir fait valoir son point de vue auprès des autorités russes et ne voulant plus nuire à ses clients.
Le directeur du Comité interprofessionnel du vin de Champagne (CIVC), Charles Goemaere, a expliqué qu’il était « important » de reprendre les expéditions.
S’adressant à Euronews, M. Goemaere a déclaré : « Il est important pour nous de pouvoir redémarrer les expéditions vers la Russie.
« Donc, c’est le numéro un. Le numéro deux est de discuter et de négocier une bonne solution qui préserve notre droit d’utiliser le nom. »
Le gouvernement français avait prévenu qu’il pouvait demander réparation auprès de l’Organisation mondiale du commerce.
Cela intervient après que les principaux fabricants de champagne français soutenus par les tribunaux de l’Union européenne ont soutenu jeudi que leur protection en vertu du droit de l’UE devrait aller bien au-delà de l’interdiction aux producteurs de vins mousseux rivaux de mettre le mot « champagne » sur leurs bouteilles.
L’association des producteurs de champagne (CIVC) cherche à interdire à une chaîne de bars à tapas en Espagne d’utiliser « champanillo », espagnol pour « petit champagne », sur les panneaux et sur les réseaux sociaux.
Le tribunal de commerce de Barcelone a rejeté les prétentions du CIVC car l’enseigne Champanillo n’était pas destinée à désigner une boisson alcoolisée, mais plutôt des lieux de restauration où le champagne n’est pas vendu, et donc des produits autres que ceux protégés et visant un marché différent.
Un élément clé pour évaluer si un terme ou un signe contesté enfreint une AOP était de savoir s’il évoquait un lien entre les deux.
Le tribunal de l’UE a déclaré que cela était établi si l’utilisation d’un nom créait un lien suffisamment clair et direct dans l’esprit d’un consommateur européen moyen qui est « raisonnablement bien informé et raisonnablement attentif et avisé ».
Les juges de l’UE ont déclaré qu’il appartenait au tribunal provincial de Barcelone de rendre une décision définitive dans l’affaire, en tenant compte des éclaircissements du tribunal de l’UE.
Le groupe de l’industrie du champagne conteste également une nouvelle loi russe qui oblige les producteurs étrangers à ajouter une référence « vin mousseux » à leurs bouteilles, tandis que les fabricants de « shampanskoye » russe pourraient continuer à utiliser ce terme seul.