La France a déposé deux plaintes auprès de la Cour européenne de justice après les avoir accusées de discrimination à l’égard des non-anglophones.
L’Office européen de sélection du personnel, qui organise les examens de recrutement pour les 14 000 membres de la bureaucratie européenne, aurait enfreint le droit de l’UE en obligeant les candidats à passer des tests uniquement en anglais lors de deux sessions de recrutement en 2022 et 2023.
Selon la législation européenne, les 24 langues sont égales, mais l’anglais, le français et l’allemand sont depuis longtemps les langues de travail.
Le président Macron s’est battu pour maintenir la langue française vivante à Bruxelles, Luxembourg et Strasbourg.
Lors de son élection de 2017, il avait déclaré : « L’anglais n’est pas destiné à être la seule langue étrangère parlée par les Européens ».
Seuls les Français étaient autorisés à participer aux événements organisés par la France lors de son tour en 2022 dans la présidence tournante de six mois de l’UE.
La langue reste dominante à la Cour de justice, mais depuis l’adhésion d’autres membres européens dans les années 1990, l’anglais a pris le relais pour la plupart des communications.
Selon certaines informations, la France espérait que la sortie du Royaume-Uni de l’UE diminuerait le pouvoir de l’anglais, mais cela n’a pas été le cas. La langue a acquis une nouvelle légitimité en tant que véhicule neutre puisqu’elle n’était désormais que l’une des langues maternelles de deux petits États membres : Malte et l’Irlande.
Une étude réalisée en 2021 pour le Quai d’Orsay, comme on appelle le ministère des Affaires étrangères, a révélé que 80 % des documents de commission étaient publiés en anglais et seulement 5 % en français.
Le tribunal européen devrait se prononcer l’année prochaine sur la demande française.
La Cour européenne a confirmé cette année les allégations italiennes et espagnoles selon lesquelles la commission enfreignait la loi en imposant aux candidats une bonne connaissance de l’anglais, du français ou de l’allemand. Les publicités fixent désormais l’exigence comme la connaissance d’une deuxième langue de l’UE.
Les critiques français ont affirmé que l’anglais européen est une langue hybride inférieure.
Sylvie Guillaume, députée européenne socialiste, a déploré la montée du dialecte. « Cela m’inquiète parce que je n’ai pas vraiment envie qu’on finisse par parler un langage sans subtilité sur des sujets sensibles », dit-elle.