La vice-présidente du Parlement européen, Katarina Barley, a lancé un ultimatum sévère à la Pologne et a averti qu’elle pourrait être empêchée de recevoir des fonds de l’UE, y compris l’argent du plan de sauvetage de Covid, si Varsovie s’éloigne de la législation de l’UE. L’explosion de colère, reprise par des personnalités politiques de premier plan à Bruxelles, est survenue après que le Tribunal constitutionnel polonais a statué jeudi que certaines parties du droit de l’UE étaient incompatibles avec la constitution polonaise.
Le résultat pourrait plonger le bloc dans le désarroi car il risque de saper les règles régissant les 27 États membres de l’UE.
S’adressant au journal allemand Die Welt, Mme Barley a déclaré: « Le gouvernement polonais a sa cour constitutionnelle, qui est occupée par les forces politiques, certifie qu’il n’aura plus à se conformer au droit européen à l’avenir. »
Le chef de l’UE a ajouté que la Commission ne devrait « donner aucun fonds européen pour le coronavirus à Varsovie et doit également bloquer d’autres financements ».
L’ancien président du Conseil de l’UE et chef de l’opposition polonaise Donald Tusk a ordonné une manifestation dans la capitale polonaise plus tard cet après-midi afin de protéger les fondements du bloc.
Il a tweeté : « J’appelle tous ceux qui veulent défendre une Pologne européenne à venir sur la place du Palais à Varsovie dimanche à 18 heures.
« Ce n’est qu’ensemble que nous pouvons les arrêter. »
Les puissances de l’UE, la France et l’Allemagne, se sont également opposées farouchement à Polexit.
La Pologne risque désormais de perdre 23 milliards d’euros (19 milliards de livres sterling) de subventions de l’UE et 34 milliards d’euros (29 milliards de livres sterling) de prêts de l’UE convenus dans le cadre du plan de relance de l’UE Covid.
Le tribunal polonais s’est saisi de l’affaire après que le Premier ministre Mateusz Morawiecki lui a demandé si les institutions de l’UE pouvaient empêcher Varsovie de réorganiser son système judiciaire.
Malgré l’intervention, le parti nationaliste au pouvoir en Pologne, Droit et justice, a déclaré qu’il n’avait aucun plan pour un soi-disant « Polexit » de l’Union européenne.
La Pologne est membre du bloc depuis 2004 et le soutien au maintien dans l’UE reste élevé dans tout le pays.
Le ministère polonais des Affaires étrangères a depuis réaffirmé son attachement au droit international
Dans un communiqué, le ministère a déclaré : « Toutes les obligations découlant du droit primaire et secondaire de l’Union européenne restent en vigueur et continueront donc d’être pleinement respectées par la Pologne.
« Les dispositions du traité de l’Union européenne indiquées dans l’arrêt (…) restent en vigueur.
« Ce qui ne peut être accepté, ce sont seulement les formes de leur interprétation ou de leur application qui violent la constitution. »
Reportage supplémentaire par Monika Pallenberg.