Les pays de l’UE ont accusé mercredi la Biélorussie d’avoir mené « une attaque directe » en poussant les demandeurs d’asile à travers sa frontière et, inquiets de la perspective d’un afflux de migrants afghans, ont convenu qu’ils devaient renforcer leurs frontières extérieures à l’avenir. Les troupes polonaises se sont précipitées à la frontière pour empêcher les migrants d’entrer dans le pays.
Le vice-ministre polonais de l’Intérieur, Maciej Wąsik, a déclaré : « Les gardes-frontières n’accepteront pas d’immigrants illégaux en Pologne.
Le vice-ministre des Affaires étrangères Paweł Jabłoński a fait écho : « Nous notons une augmentation de la pression migratoire en provenance du Moyen-Orient. »
Il a ajouté que la situation semblait « analogue à celle à laquelle sont confrontés les Lituaniens » et « ressemblait à une opération organisée ».
Bruxelles accuse le président biélorusse Alexandre Loukachenko d’avoir orchestré l’arrivée de milliers de personnes aux frontières de la Lituanie, de la Lettonie et de la Pologne en représailles aux sanctions imposées à l’ancienne république soviétique.
Les ministres de l’Intérieur de l’UE à 27 ont déclaré dans un communiqué publié à l’issue d’une réunion d’urgence que la Biélorussie cherchait à « instrumentaliser les êtres humains à des fins politiques ».
« Ce comportement agressif (…) est inacceptable et équivaut à une attaque directe visant à déstabiliser et à faire pression sur l’UE », ont-ils déclaré dans le communiqué.
Le problème est devenu plus aigu à la lumière de la prise de contrôle de l’Afghanistan par les talibans qui s’est achevée dimanche. De nombreux Afghans tentent de fuir le pays, craignant des représailles.
Les États membres de l’UE s’inquiètent d’une répétition de la crise migratoire européenne de 2015/16 lorsque l’arrivée chaotique de plus d’un million de personnes en provenance du Moyen-Orient a mis à rude épreuve les systèmes de sécurité et de protection sociale et a alimenté le soutien aux groupes d’extrême droite.
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La ministre lituanienne de l’Intérieur, Agne Bilotaite, a déclaré que l’installation d’une clôture et d’un système de surveillance pourrait coûter plus de 500 millions d’euros (585 millions de dollars) et que son pays espérait le soutien de l’UE.
« La Commission européenne a alloué 37 millions d’euros d’aide d’urgence à la Lituanie pour répondre aux besoins immédiats », a-t-elle déclaré dans un communiqué. « Cependant, déjà en septembre, la Lituanie a l’intention de demander un soutien financier supplémentaire. »
Au total, 4 124 personnes – en grande partie des Irakiens – ont pénétré illégalement sur le territoire lituanien cette année, principalement en juillet, bien que seulement 14 soient entrées entre le 5 et le 17 août, alors que la Lituanie et son voisin la Lettonie ont commencé à repousser ceux qui tentaient d’entrer.
L’agence des Nations Unies pour les réfugiés, le HCR, s’est déclarée « profondément préoccupée » par les refoulements aux frontières et la Croix-Rouge lituanienne a déclaré qu’elle doutait qu’elle respecte les obligations des pays en vertu des traités internationaux sur les droits de l’homme.
Ylva Johansson, responsable des migrations et de l’asile à la Commission exécutive de l’UE, a appelé mercredi les États membres à augmenter les quotas d’admission pour les Afghans ayant besoin de protection, en particulier pour les femmes et les filles.