Il existe une vieille tactique chez ceux qui souhaitent réécrire l’histoire : prendre la vérité, la déformer et la présenter comme quelque chose de complètement différent.
Aujourd’hui, nous le constatons dans la montée de l’antisionisme sur les réseaux sociaux. Ce qui était autrefois un élément marginal du discours est désormais devenu un courant dominant. Mais il ne s’agit pas d’un simple changement de ton du débat : il s’agit de quelque chose de bien plus sombre. Dans sa forme la plus toxique, l’antisionisme est devenu un vecteur de glorification du Hamas, une organisation terroriste reconnue comme telle par le monde civilisé.
Pourtant, sur ces plateformes, le Hamas est présenté comme un « mouvement de résistance ». Ce révisionnisme grotesque de la barbarie du Hamas signale l’essence même de ce que l’on ne peut appeler que le nihilisme. Les marqueurs de ce nouveau récit sont clairs. Tout d’abord, il y a le déni du droit d’Israël à exister – souvent présenté comme un appel à la « justice » pour les Palestiniens.
On retrouve ensuite les vieilles idées reçues : la calomnie rituelle, l’idée qu’Israël – ou plutôt les Juifs – commettent des crimes comparables à ceux des nazis. L’ironie est stupéfiante, mais la rhétorique est sans équivoque. Sur des plateformes comme X (anciennement Twitter), Facebook et TikTok, le Hamas n’est plus une organisation terroriste responsable d’atrocités contre des civils.
Non, dans cette réalité tordue, le Hamas est salué comme un noble défenseur des opprimés. Cette glorification de la violence atteint son apogée lorsque les crimes du Hamas sont projetés sur Israël. Israël est dépeint comme l’agresseur génocidaire tandis que le Hamas, dont la charte appelle explicitement à la destruction de l’État juif, est présenté comme le champion de la liberté.
Cette inversion de la réalité n’est pas simplement une réécriture perverse de l’histoire : c’est une négation du caractère sacré de la vie elle-même. La calomnie rituelle, autrefois confinée à l’Europe médiévale, fleurit aujourd’hui sur Internet, où les Juifs sont dépeints comme des oppresseurs sanguinaires et ceux qui les attaquent comme des héros.
Ce qui est encore plus inquiétant, c’est la manière dont la victimisation est instrumentalisée au service de ce discours. Le langage de la libération, longtemps associé aux luttes légitimes pour la justice, a été récupéré par ceux qui ont des objectifs bien plus sombres. Le djihad du Hamas, un appel à la guerre sainte contre les apostats, est désormais habillé aux couleurs de la libération et des droits de l’homme.
Le théofascisme, dans sa forme moderne, ne se contente pas d’appeler à la violence : il se drape dans le langage de la justice sociale pour rendre sa cause plus acceptable. Cela est particulièrement évident dans la manière dont ce mouvement a cherché à séduire la jeunesse occidentale.
Enveloppée de drapeaux arc-en-ciel et ornée de slogans sur la « liberté » et la « résistance », la cause djihadiste est devenue à la mode. Pour une génération élevée dans la poursuite de la gratification morale immédiate, il est devenu trop facile de revendiquer une supériorité morale en soutenant la « résistance » sans jamais examiner ce que cette résistance implique réellement.
Il ne s’agit pas d’un activisme mal informé. Il s’agit d’une manière délibérée de déguiser le génocide et le terrorisme d’une manière qui plaît à ceux qui cherchent désespérément des points faciles sur le marché toujours plus compétitif de la vertu. Et les réseaux sociaux, avec leurs chambres d’écho et leurs boucles de validation sans fin, constituent l’environnement parfait pour que ce type d’activisme superficiel puisse s’épanouir.
Cette montée de l’antisionisme, présenté comme une justice morale, a non seulement contaminé les réseaux sociaux, mais s’est également infiltrée dans le monde universitaire. Les universités, autrefois bastions du débat raisonné, sont devenues des foyers de cette nouvelle idéologie théofasciste.
Les critiques d’Israël, légitimes ou non, sont confondues avec des appels à sa destruction, et les étudiants sont encouragés à se considérer comme des acteurs d’une lutte juste. La glorification de groupes comme le Hamas, sous prétexte de « résistance », est non seulement tolérée, mais célébrée.
Les réseaux sociaux, qui étaient autrefois des lieux de liberté d’expression, servent aujourd’hui de terreau à l’extrémisme, offrant un semblant de respectabilité à ce qui est en fin de compte une idéologie violente et destructrice. Les implications de ce changement sont profondes.
L’incapacité – ou la réticence – des démocraties libérales occidentales à affronter cette nouvelle forme de théofascisme constitue la plus grande menace à laquelle elles aient été confrontées depuis la Seconde Guerre mondiale. Dans notre désir d’apaiser certaines catégories démographiques ou de rester du bon côté de l’opinion populaire, nous permettons à ces idéologies dangereuses de prospérer.
Ce qui rend cette situation particulièrement insidieuse, c’est que ce théofascisme ne se présente pas sous la forme évidente d’une dictature ou d’une théocratie ouverte. Au contraire, il s’est ancré dans le langage de la victimisation et de la justice, ce qui le rend d’autant plus difficile à affronter.
En refusant de dénoncer ces discours pour ce qu’ils sont, nous invitons l’extrémisme à redessiner les normes mêmes sur lesquelles nos sociétés sont construites. Il ne s’agit pas d’une simple bataille d’idées. Il s’agit d’une bataille pour l’âme de la civilisation occidentale.
La glorification du Hamas, la projection de ses crimes sur Israël et l’instrumentalisation de la justice sociale ne sont pas des menaces abstraites. Ce sont les outils par lesquels les idéologies radicales chercheront à démanteler la structure même de nos sociétés. C’est là que réside le véritable danger : en ne parvenant pas collectivement à faire face à cette vague montante d’antisionisme, nous ne permettons pas simplement à un débat de se dérouler.
Nous assistons à la propagation incontrôlée du théofascisme, habillé du langage de la résistance et de la justice, conçu pour plaire à ceux qui devraient être mieux informés.
Si nous ne nous attaquons pas à ce problème maintenant, si nous ne le dénonçons pas comme étant une idéologie perverse et négatrice de la vie, nous nous retrouverons à ne rien faire tandis que les démocraties libérales occidentales sont déchirées par les forces mêmes contre lesquelles elles se sont autrefois opposées.
La montée de l’antisionisme sur les réseaux sociaux n’est pas seulement un échec du discours, c’est aussi un échec du courage moral. Et les conséquences pour nos sociétés, si nous continuons à céder à ces mensonges, ne seront rien de moins que catastrophiques.
Catherine Perez-Shakdam est directrice exécutive de We Believe in Israel